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Ce 21 août 2019 la ville d’Aix a commémoré le 75 anniversaire de sa libération par des unités américaines et cette date doit aussi nous rappeler l’épopée héroïque de l’Armée d’Afrique.

Le débarquement de Provence eut lieu le 15 août 1944 et avait vu déferler dans le Midi les divisions de Tirailleurs, de Zouaves, de Spahis, de Goumiers, de Tabors, de Chasseurs d’Afrique, etc. Le mot d’ordre des combattants de cette armée dont mon père faisait parti était: «vive la France! ».

Le président Macron qui a prononcé des mots forts lors de la commémoration du 75è anniversaire du débarquement de Provence du 15 aout 1944 à Saint-Raphaël et ensuite à Bormes-les-Mimosas, a lancé à propos des combattants africains un appel aux «maires de France pour qu’ils fassent vivre, par le nom de nos rues et de nos places, par nos monuments et nos cérémonies, la mémoire de ces hommes». Il importe de ne pas oublier le rôle imminent de l’Armée d’Afrique engagée dans de durs combats à Toulon et à Marseille face à 50000 allemands lourdement équipés et bien retranchés . 

Cette même armée avait déjà combattu et vaincu l’armée allemande en Tunisie en 1943 et la même année du sein du Corps expéditionnaire français, commandée par le général Juin, elle s’illustra durant la campagne d’Italie et elle participa en première ligne à la libération de la Corse. Les combattants africains aguerris de ces héroïques régiments formeront le fer de lance de la future Première armée française sous les ordres du général de Lattre de Tassigny. 

Après le débarquement sur les côtes de Provence, l’Armée d’Afrique libère Toulon et elle arrive aux portes de Marseille le 23 août 1944. Après de terribles combats, notamment lors de la prise du mont de Notre Dame de la Garde, durant lesquels s’illustreront les combattants musulmans de la 3e DIA et particulièrement les 3e et 7e Régiments de tirailleurs algériens, Marseille est enfin libérée le 28 août 1944. Devant une foule en liesse, un important défilé au son de la nouba se déroule le lendemain sur le Vieux-Port pour fêter la libération de la capitale du sud qui coïncide avec la libération de Paris.

Ensuite, l’épopée des soldats indigènes va se poursuivre tout le long du Rhône, en Franche-Comté et en Alsace, jusqu’à la libération totale de la patrie. Ces hommes du sud traverseront le Rhin et livreront leurs derniers combats jusqu’au Danube.

Les hauts faits d’armes de l’Armée d’Afrique et ses innombrables victoires permirent à son commandant, le général de Lattre de Tassigny, de siéger en compagnie des chefs alliés pour obtenir la capitulation de l’armée allemande. Dans son ordre du jour numéro 9, il écrira à ses soldats africains : « De toute mon âme, je vous dis ma gratitude. » Le général de Montsabert écrira de son côté : « C’est grâce à l’Armée d’Afrique que la France a retrouvé non seulement le chemin de la victoire et la foi en son armée, mais aussi et surtout l’honneur et la Liberté. »*

Il importe qu’au-delà des anciens combattants, la Nation, tout entière liée par les sacrifices consentis pour sa liberté, enseigne et évoque régulièrement le souvenir de l’Armée d’Afrique . 

Quant à Marseille, 75 ans après, il n’y a toujours pas de lieu dédié à l’Armée d’Afrique marquant la libération de la citée phocéenne.

Pour toutes ces raisons et devant les nombreux actes de profanation des tombes de ces soldats, l’inquiétant développement du racisme et les tensions sociales de toutes sortes qui envahissent notre société et devant les troubles internationaux, il est crucial de faire appel à la mémoire et au souvenir de l’Histoire de France. 

Texte de M. Lounès Chérif, Ancien réserviste membre honoraire de l’armée, fils d’un ancien combattant de l’Armée d’Afrique blessé en Belgique en 1940 et qui participera au débarquement de Provence et à la campagne de la libération jusqu’au Rhin-Danube.

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