Le Président de la République a pris acte du résultat des élections…
Monsieur le ministre vous avez, il y a quelques jours, accepté la responsabilité de diriger le ministère de la Transition écologique et solidaire, en insistant sur le fait que « l’urgence écologique est un appel à l’urgence d’agir ». Les graves effets constatés du changement climatique : pic de canicule, fonte des glaces, disparition d’espèces animales, pollution de l’air… sont des urgences face auxquelles nous devons réagir très rapidement.
Lutter contre la pollution plastique de nos espaces marins est aujourd’hui une priorité. En 2018, le programme des Nations unies pour l’environnement a placé la question du plastique dans les mers et les océans parmi les six urgences environnementales les plus préoccupantes. Moins de 30 % des déchets plastiques sont récupérés et recyclés dans l’Union européenne alors que la France compte parmi les mauvais élèves européens.
Des millions de tonnes de déchets plastiques
Les déchets plastiques représentent plus de 85 % des déchets marins dans les océans, dont 80 % proviennent de sources terrestres et pèsent de 5 à 13 millions de tonnes chaque année. En mer Méditerranée, la situation est catastrophique, les déchets plastiques constituent 95 % des déchets, ce qui en fait la mer la plus polluée au monde !
Ces dernières années, la lutte contre la pollution plastique s’est principalement focalisée sur la diminution de macroplastiques, ou « macrodéchets » sous forme de bouteilles, mégots, sacs plastiques ou filets de pêche. Selon une récente étude du WWF France, ils représentent un volume de 150.000 à 500.000 tonnes par an dans les océans.
La Commission européenne souhaite, dans sa récente « stratégie plastique », réduire la consommation de plastiques à usage unique. La France anticipe la transposition de mesures européennes, en suspendant, à terme, l’usage de pailles en plastique afin de tendre vers 100 % de plastique recyclé d’ici 2025.
Pollution omniprésente et invisible
Nous souhaitons attirer votre attention sur l’insuffisance des mesures prises à l’encontre d’une autre forme de pollution plastique : celle causée par les « microplastiques ».
Ces particules inférieures ou égales à 5 mm, représentent jusqu’à 30 % de l’ensemble des plastiques libérés dans les océans. De plus en plus d’Etats agissent contre les microplastiques dits « intentionnellement » ajoutés aux produits comme les cosmétiques ou les produits de nettoyage, alors que ceux-ci ne représentent que 2 % de l’ensemble des microplastiques. Les 98 % restants proviennent de pertes plastiques dites « non-intentionnelles » telles que les textiles synthétiques (34.8 %), l’usure des pneumatiques (28.3 %), ou encore la poussière des villes (24 %).
Un récent sondage Eurobaromètre, 87 % montre que les Européens se sentent concernés par les effets du plastique sur l’environnement. En France, la mobilisation est forte, de nombreux citoyens s’impliquent pour réduire les déchets plastiques.
Nous, signataires de cette tribune, vous invitons, Monsieur le Ministre, à prendre en considération l’urgence à lutter contre la pollution par les pertes non- intentionnelles de microplastiques. Nous considérons que cette forme de pollution omniprésente et invisible nécessite une approche stratégique prioritaire et ambitieuse, tant en France qu’à l’échelle de l’Europe.
Nous appelons le gouvernement français à être le pilote d’une politique de préservation de nos mers et de nos océans en favorisant l’unité européenne sur cette question. Nous espérons que le Parlement européen incitera fortement la Commission européenne à accroître le niveau de lutte contre les pertes non intentionnelles de microplastiques. Nous demandons que la France réduise sa production de plastique en sensibilisant les industriels de nos territoires et améliore le processus de recyclage du plastique en impliquant tous les acteurs sur le terrain.
Pour réussir à atteindre ses objectifs climatiques d’ici 2050, la France doit être ambitieuse afin de relever les défis de sa transition écologique dans la perspective de la COP24 !
Je suis cosignataire de cette tribune faite par Mme Liliana Tanguy, députée du Finistère à l’attention de M. François De Rugy.